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Fécule 2025 - Ourse, un conte de Madame M

Mona De Palma

29 juillet 2025 à 20:54:20

Fécule 2025 - Ourse, un conte de Madame M

Ourse, c’est une princesse poilue. Ourse, c’est aussi une pièce joyeuse, drôle, d’un autre temps, qui nous parle de nous depuis le XVIIe siècle. Ours, c’est aussi une pièce écrite pour la recherche. Ourse, finalement, c’est deux escargots, et une pièce qui parle de manière légère de sujets parfois (souvent) difficiles.


La pièce commence dans un intérieur où des taches d’encre essaient de se faufiler, à l’insu de Juliette, jeune femme dans une robe d’époque. Avec sa comparse Marie-Kate, elles sont ravies à la vues des taches, qui font “un excellent matériau pour les histoires.” Et quelle histoire! Les deux femmes deviennent les narratrices d’un conte rocambolesque qui reprend tous les éléments d’un vrai conte de fée, mais avec un filtre un peu plus… extravagant.

D’abord, les trois fées, qui viennent bénir les enfants royaux. Deux de ces fées sont tout à fait classiques: elles prédisent la beauté, l’intelligence… La troisième fée, Billebaude, par contre, a un humour quelque peu discutable, et décide de corser les choses. La première princesse (car il y en a deux) aura la bénédiction… d’être prise pour un homme par? tout le monde, sauf ses parents. La deuxième, qui sera appelée Ourse, sera couverte de poils de la tête aux pieds. Sur ce prélude cocasse, la pièce narre une aventure rocambolesque où les deux princesses et le dieu du Fleuve, Pactole, qui a de la peine à différencier les voyelles, se lancent à la recherche de la fée Billebaude, entre-temps transformée en huître, afin qu’elle règles les désagréments qu’elle a causé aux deux héroïnes. Il convient de noter la présence réjouissante de deux escargots, en fait des magiciens transformés par Billebaude, qui suivent les deux princesses afin de retrouver leur forme mais qui sont, il faut le dire, un peu ralentis, et pas seulement à cause de leur apparence.



La pièce, comme tous les contes, se finit bien, mais personne n’a d’enfants. La première princesse retrouve son apparence de femme, et Ourse, finalement, renonce à perdre son apparence poilue, car elle a réussi à se faire aimer sous cette apparence.

Le message derrière cette fin est limpide, mais rafraîchissant. Passé le classique “accepte-toi tel·le que tu es” incarné par Ourse, la deuxième princesse incarne un chemin étranger aux contes de fées: si tu n’es pas ce à quoi tu ressembles, tu peux en changer. Les deux scénarios, mis sur un pied d’égalité, diffusent un message de tolérance sincère et pas le moins du monde éventé.

Cette pièce est également portée par la recherche de la metteuse en scène, Manon Lelièvre, qui travaille sur les costumes de théâtre du XVIIe siècle. Outre l’ambiance générale et les références au siècle du roi Soleil (la scène finale se déroule à Versailles), une attention particulière a été portée aux costumes. Certains sont absolument magnifiques, comme celui du dieu Pactole, qui reprend à la fois les couleurs et le chatoiement d’un fleuve avec, en prime, une ceinture de coquillages nonchalamment passée sur l’épaule. En plus de la beauté des costumes, ils sont très bien mis en scène. La scène de transition entre la naissance d’Ourse et son apparition en tant que jeune fille est magnifique. L’actrice joue à la fois Marie-Kate et Ourse, et elle se change sur scène, derrière un paravent. Son corsage, dernier élément, est lacé sur scène, devant le public, soulignant ainsi cet élément emblématique de la mode ancienne.

En bref, Ourse est une pièce drôle, légère mais non dépourvue de sens, qui joue habilement sur l’univers du XVIIe siècle et sur ses costumes. Un spectacle qui restera dans la mémoire des spectateurs, pour sûr, qui n’oublieront pas de sitôt les lamentations des escargots.



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