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Fécule 2025 - Mon fémur n'est pas un jouet

Elvire Akhundov et Auxane Bolanz

24 juin 2025 à 16:26:54

Fécule 2025 - Mon fémur n'est pas un jouet

Une histoire de meurtre, de monstre et de rivalité : nous avons vu à Fécule un conte lugubre entièrement improvisé ! Les comédien·ne·s de la compagnie Astrolabe ont monté, avec quelques propositions de spectateurs et spectatrices, un spectacle et ont emporté le public pour une heure de fantaisie.


Quel thème a choisi cette année la compagnie Astrolabe? Vous l’avez bien deviné, c’est le monstre ! En s’aidant des idées du public, iels ont créé une histoire où un petit garçon-horloge n’était pas le plus monstrueux de l'histoire. Avant le début de l’expérience, une comédienne a demandé trois propositions au public: un animal, un objet, et un aliment. Et les trois idées des spectateur·ice·s étaient une loutre, une montre, et un biscuit. Donc, la mission de ce soir: créer une histoire de toute pièce à partir de ces mots-clés. Ainsi inspirée, une seconde comédienne dessine sur une petite table éclairée sur scène. Pour bien nous inclure dans ce moment de création, le dessin est projeté sur un grand écran. Nous découvrons trait après trait le protagoniste de notre pièce: un petit garçon avec une horloge au centre du torse et un visage loutre-esque. L’étrange personnage a l’air un peu apeuré, peut être à cause de la musique inquiétante qui berce en arrière fond tout le long de sa mise en monde.  

Avec les mots donnés et en se servant de leur scénographie sommaire composée d’un grand tapis, de quelques petits meubles et de draps noirs qui ont pu faire office de costume, le petit garçon, Phinéas, prend vie par la performance de la compagnie. Vivant seul et reclu sur une colline en bord de mer, l’enfant passe ses journées tranquilles avec sa corneille. Il ne se mêle pas au reste du monde à cause de son étrange montre au milieu du torse, ce qui fait de lui un monstre aux yeux de la société. Soudainement, par un jour de pluie, un riche investisseur marin se retrouve chez lui, et découvre par inadvertance sa particularité. D’abord choqué et ensuite réalisant que c’est une opportunité pour qu’il remplace son horloge cassée, il lui propose de venir chez lui pour l’aider avec un client important. Cependant, là-bas, le garçon découvre qu’il a des pouvoirs de manipulation et fuit car il en a peur. Il va ensuite rencontrer les siens, d’autres êtres-objets, qui lui font découvrir leur monde. Ainsi sa vie tranquille a basculé en rythme de ces nombreuses rencontres : le marin saugrenu, sa femme bizarrement intense, des êtres-objets…  Au final, ce n’est pas lui, et sa particularité physique, qui est monstrueux, ce sont plutôt les adultes qui l’entourent qui le sont, comme par exemple le même marin businessman, qui veut à tout prix augmenter sa richesse, et sa femme, qui est prête à vendre Phinéas pour la notoriété. Cette histoire, bien qu'improvisée, donne une vision nuancée de la nature du monstre : le personnage qui en apparence semble être le plus grotesque est en réalité le plus innocent, les autres dissimulent le vrai monstre dans leurs âmes.

Le sujet du monstre était accentué par la musique ambiante et inquiétante jouée en live en arrière-fond. Un DJ, discret à l’arrière du plateau, mixait dans l’ombre pendant tout le spectacle. Il utilisait son ordinateur, un micro, et différents objets insolites pour créer en direct un tapis sonore. Durant l'ensemble de la pièce, parfois en réaction à ce que disaient les personnages, parfois en proposition, la musique donnait une ambiance particulière, cela permettait de plonger encore plus dans le spectacle. Lorsqu’un personnage annonce être trempé parce qu’il pleut fort dehors, des bruits de pluie viennent s’ajouter au fond sonore. De manière similaire, lorsque des personnages sortent d’une maison, pour proposer qu’ils se retrouvent alors en bord de mer, on entend des bruits de mouettes et de vagues. Ces nombreux changements témoignent d’une grande écoute entre les comédien·ne·s. C'était impressionnant de les voir créer quelque chose de toute pièce sans trop de flottement ! Et les quelques quacks d’incompréhension entre elleux ont toujours été pris avec beaucoup d’humour.


Mon fémur n'est pas un jouet, par la Cie Astrolabe

Jeu: Romain De Werra, Tania Rochat, Aliénor Vauthey, Jeanne Vinçani

Agitation: Christophe Pithon

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