Sur un plateau sans décor, la troupe de l’HeiDi nous offre une histoire improvisée et collaborative dans un monde dystopique et totalitaire empreint de rebondissements et d’humour. Dans ce spectacle d’un peu plus d’une heure, le public à découvert un récit inédit, qui ne sera plus jamais rejoué.

  Un plateau vide, des comédien.ne.s aligné.e.s en habit noir et un maître du jeu en costard. Voilà la situation initiale de cette histoire. La suite ? C’est au public de décider. Pour commencer, le maître du jeu explique que l’histoire que nous allons voir est différente chaque soir mais qu’elles se déroulent toutes dans un régime totalitaire et que c’est à nous de choisir un moyen d’y faire régner l’ordre. Ensuite, sur la base de nos suggestions (ce soir-là, des toboggans), les improvisateur.ice.s ont une minute pour mettre un place leur monde dystopique, différent à chaque représentation. Ce soir-là, iels ont créé, grâce à leur imagination et quelques décisions du public, un système politique de division du peuple par étage en fonction de leur âge avec, comme seul passage d’un étage à l’autre, des toboggans qui s’ouvrent uniquement le jour de son “anniversaire de passage”. Une promesse est faite aux habitants : un jour, quand ils seront assez vieux, ils pourront quitter le système pour aller vivre dans la nature. Seulement, cette dernière n’existe pas et, au dernier étage, c’est la mort par tondeuse à gazon qui attend les résidents.

Comme évoqué plus haut, pour relancer les comédien.ne.s dans leurs improvisations, le maître du jeu a pu, tout au long du spectacle, les interrompre pour demander au public la suite des événements sous la forme d’un dilemme. Ces interruptions ont permis de créer de nouvelles contraintes afin de renouveler l’intrigue quand le rythme ralentissait. Cependant, le maître du jeu n’est pas beaucoup intervenu, ce qui a créé des longueurs et quelques répétitions et incohérences dans l’histoire. Plus de coupure aurait permis au public de rester plus à l’écoute du récit et aux improvisateur.ice.s de relancer leur créativité débordante. 

Ce qui a très bien marché en revanche, c'est le système de roulement entre les différents groupes de personnages. Dans cet univers sombre, nous suivons en effet plusieurs groupes à différents stades de la vie afin de découvrir toutes les strates de la société. Des enfants de 8 ans aux personnes âgées en passant par les garde et le président, tout nous est présenté de façon très structurée. Deux ou trois improvisateur.ice.s occupent un espace de la scène pour raconter une partie de l’histoire tandis que les autres sont en coulisses pour réfléchir à comment jouer la suite. Lorsqu’un groupe s’essouffle ou qu’un autre a une idée bien construite, un changement s’effectue, souvent aidé par un variation dans la lumière ou la musique. Cela a aussi permis de délimiter des espaces différents sur le grand plateau vide qui, malgré le nombre réduits de comédien.ne.s, semblait toujours bien rempli et utilisé à son plein potentiel. Ce tournus a également  permis de complexifier l’histoire en ajoutant des fils parallèles bienvenus à l'intrigue principale. On se réjouit alors de retrouver la troupe de soldats incapables et on  s’inquiète de l’avenir des protagonistes quand le président est de retour sur scène. Finalement, grâce à ce principe de roulement, les improvisateur.ice.s ont proposé de nombreuses situations loufoques qui ont non seulement fait rire le public aux éclats mais aussi fait craquer certain.e.s comédien.ne.s, pour notre plus grand plaisir.

La Dystopie dont vous êtes le héros, par l'HeiDi

Jeu: Suzanne Balharry, Jean Crausaz, Vanessa De Santis, Alexia Pasteels, Cédric Tomasini

Régie: Inès Benouachkou Guetta