top of page
< Back

Fécule 2025 - Au coeur du tumulte, les Attrape-Corps

Auxane Bolanz

20 mai 2025 à 05:14:20

Fécule 2025 - Au coeur du tumulte, les Attrape-Corps

Sur scène et pendant vingt minutes, huit femmes nous proposent une découverte de leurs énergies, mêlées pour créer et danser dans un désordre organisé.


Un premier flash d’abord. Très rapide. A peine le temps de voir la danseuse assise au milieu de la lumière. Puis un deuxième, un troisième, et au fil de ces nombreux moments de lumière et au rythme de la musique, le public découvre peu à peu les danseuses de la compagnie qui créent des poses dynamiques dans chaque douche de lumière. Puis la musique évolue, et la danse avec elle. Les pieds figés sur place, les danseuses bougent et semblent s’exprimer individuellement, proposant huit manières différentes de vivre ce moment. C’est la contagion qui arrive ensuite. Une à une, elles semblent prises de convulsions qui transforment la danse en un moment de collectivité libre. On y ressent l’énergie de ce groupe qui arrivé à créer ensemble une forme de chaos aux rythmes très variés. Ce dernier force même une suspension lors du changement de musique, lorsque les danseuses figées dans le fond de la scène ne sont plus tout à fait distinguables les une des autres.

C’est la création d’une sorte de monstre. A l’aide de mouvements lents, entremêlés et presque hypnotiques, cet amas de corps bouge, prend vie, partiellement dissimulé par la fumée envoyée sur scène à ce moment-là. Il bouge, semble découvrir peu à peu ce qui l’entoure. Puis se met à avancer, lentement, en direction du public, presque effrayant. On en oublierait presque l’individualité des danseuses découvertes juste avant. L’effet est particulièrement réussi grâce à plusieurs éléments à l'œuvre en même temps. D’abord, la musique, au tempo bien marqué, propose une ambiance mystique. Les effets de lumières et la fumée jouent avec les corps des danseuses pour créer des ombres et des dissimulations qui permettent d’unifier en une seule entité. Et enfin, des mouvements lents et contrôlés, qui font avancer le monstre comme un tout. Utilisant l’ensemble de l’espace, étant parfois sur le sol et parfois sur la pointe des pieds, les danseuses donnent une vie multiple à ce monstre, qu’elles animent dans toutes les directions.

Et une fois que ce monstre arrive face public, il se désagrège. Chacune retrouvant son individualité quelques secondes, avant d’être prise dans un mouvement organisé presque violent. Ce dernier moment du spectacle est celui qui ressemble le plus à une chorégraphie comme on peut se l’imaginer, complétant un peu plus la grande variété de création possible dans la danse, et présenté lors de ce spectacle. C’est peut-être aussi là que le titre “Au cœur du tumulte” prend tout son sens. Le mouvement incarne la musique. Il part des épaules et se diffuse dans les bras et le bas du corps. Il semble violent, collectif, et intense. Les danseuses sont le tumulte, et elles le transmettent au public.


Au coeur du tumulte par la compagnie Les Attrape-Corps, Université de Grenoble, France.

Danse : Kati Broser, Eloïse Ginoux, Katia Mazet, Jéhane Mouhssine, Maroua Picard, Cristina Rigo, Noémie Sebilo, Anna Verne.

Chorégraphe : Bouba Landrille-Tchouda (Cie Malka).

Lumière : Ama Laclef.

bottom of page