La revue culturelle de l'Université de Lausanne
35 ans, ça se fête – vive le Zestival !
Mona De Palma
6 janvier 2025 à 07:14:36
Du 7 au 12 octobre 2024, le campus de l’Unil s’est empli de rythmes de basse, de rires et de bières. Cette joyeuse effervescence, c’était les 35 ans de Zelig, le cœur battant du campus, le bar où tout le monde se rencontre autour d’un verre, bref le lieu incontournable pour tout·e étudiant·e de l’Université de Lausanne. Entre un concert et un hot-dog, nous avons rencontré Sara, la présidente, qui nous livre son lien à Zelig, ainsi qu’un récap’ du Zestival, ou six jours de folie.
BoulevArt : Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots et ton lien à Zelig ?
Sara : Moi, c'est Sara. J'ai été à Zelig en tant que membre active quand j'étais à l'Uni, de 2015 à 2017. Quand j'étais à Zelig, j'ai fait la programmation musicale. Je programmais les groupes du jeudi soir, le fameux jeudi soir qu'on connaît à Zelig. Zelig, c'est une grande famille. On a fêté les 35 ans, donc il y a des connexions qui se font avec d’autres membres. Moi, à mon époque en tout cas, j'ai créé une certaine famille que je vois toujours aujourd'hui. Tu vois, c'est des ami·e·s cher·ère·s.
Comment est-ce que tu as connu Zelig tout au début ?
En arrivant à l'Uni de Lausanne pour faire mes études (rire) ! J'ai fait un bachelor de géologie, donc, j'étais dans le bâtiment de Géopolis. Et en étant dans le bâtiment de Géopolis, il y a le Zelig. Évidemment, en finissant, en tout début de semestre mes cours, on me dit « Viens en boire une à Zelig ». Après, ce qui s'est passé, c'est que j'ai d'abord été pilier de bar, comme on dit, avant d'être wannabe. Donc, ça veut dire prétendante à être membre. Et puis finalement, j'ai fini par être une active.
Est-ce que tu étais active à Zelig pendant toutes tes études ?
Oui, tout mon bachelor, j'étais active à Zelig. Quand t'es en première année, ils ne te laissent pas rentrer. Je ne sais pas si c'est encore d'actualité, mais dans ma génération, en tout cas, ils déconseillaient aux premières années de commencer Zelig parce que c'était relativement ardu de suivre ses études en même temps. Donc, ils prenaient seulement à partir de la deuxième année. Bon, c'est ce qui est logique, en fait. Je pense que c'est pas mal, parce qu’il y a quand même pas mal d'échecs en première année.
Zelig, c’est géré uniquement par des étudiants ?
Oui, exactement. En fait, c'est une asso étudiante comme une autre, mais qui met aussi en avant tous les événements socioculturels de l'uni. Tu peux voir qu'il y a beaucoup d'événements liés à d'autres associations qui se font à Zelig. Zelig c’est aussi une structure qui permet de mettre à disposition, en fait, ce lieu. Les locaux sont prêtés par l'université, donc si on peut faire profiter de ces locaux à d'autres associations, c'est aussi le but de Zelig, à mon avis. En tout cas, à ma génération, on mettait clairement ça en avant et on essayait de faire souvent des soirées d'associations. Là, tu es encadré par des personnes de Zelig, donc des actifs ou actives de Zelig, pour une soirée. Donc, soirée concert ou, je sais pas moi, karaoké ou vernissage. Enfin voilà, ça peut être hyper varié.
Il y avait combien de membres à peu près ?
Je crois bien qu'on était une douzaine. Sans compter les ingénieurs son et technique. Eux étaient considérés différemment. C'était des membres aussi complètement inclus dans Zelig, mais c'étaient des personnes qui n'étaient plus à l'uni et qui étaient aussi défrayées pour les soirées concert, donc l'ingénieur light, l'ingénieur son. Je crois qu'aujourd'hui, c'est un peu différent. C'est encore des étudiants ou des gens qui ont une tâche comme présidence ou autre dans Zelig, alors qu'à l'époque, c'était juste des personnes qui géraient la technique.
Donc, en tout, on était 15.
C’est pas énorme.
Non, effectivement, c'était assez limite pour gérer un espace comme ça du lundi au vendredi en sachant qu'on faisait les heures de bar, on faisait nos tâches, on avait nos cours. C'était quand même pas mal de boulot.
Maintenant qu’on a parlé de Zelig, pourquoi fêter les 35 ans cette année ? Qu’est ce qui a mené au Zestival ?
Il faut savoir que nous, à l'époque, on avait voulu faire les 30 ans. Sauf qu'il y a un truc que tout le monde connaît, c'est le Covid. Malheureusement, on n'a pas pu faire cet événement. On était déjà un petit comité en place pour ces 30 ans. On l'avait un peu en travers, on dira ça comme ça, mais chacun vit sa vie. On prend notre routine. Puis là, vers septembre 2023, on a eu un appel des actifs et actives d'aujourd'hui, une espèce d'appel au secours, en mode, « on n'est pas assez de membres, il y a les 35 ans qui arrivent, est-ce qu'il y a des gens qui sont motivé·e·s à organiser ça ? » Du coup, on est plus ou moins une dizaine d'anciens de Zelig, de différentes générations, pas seulement la mienne, à s'être motivés à créer l'association Zestival.
Donc vous avez créé une association différente ?
Oui, mais elle est intimement liée à Zelig. C'était juste pour permettre de ne pas tout mélanger entre Zelig et Zestival. C'était aussi une histoire de finance, de comptabilité, de fonctionnement. Étant donné qu'on faisait ça de manière complètement indépendante à Zelig, on avait besoin de créer quand même une entité à part pour pouvoir faire nos décisions, faire nos demandes de subventions. Étant donné que les personnes de Zelig n'étaient pas directement incluses dans ces 35 ans de Zestival, c'était pour nous une manière d’assurer une certaine sécurité pour Zelig [en cas de déficit du Zestival, ndlr] et de nous permettre aussi d'avancer correctement. Donc, du coup, le Zestival, c'est vraiment les anciens de Zelig qui ont préparé et fêté les 35 ans. Après, il faut savoir que les actifs et les actives de Zelig ont largement aidé à la mise en place. Iels étaient omniprésents pendant l’évènement, concernés pour différentes activités, comme la programmation musicale.
Il y a eu cette création de comité qui s'est faite en octobre 2023, et à partir de là, on a commencé à monter ce super programme de six jours avec ces aménagements extérieurs. De fil en aiguille, il y a eu l’endroit qui a été choisi vers le parking de La Grange, puis l'idée de faire une collaboration avec La Grange pour y faire des spectacles est aussi apparue. Finalement, on a réussi à avoir trois espaces, trois scènes [Zelig, la scène extérieure et la Grange, ndlr], si je puis dire, pour faire ce Zestival. Et ça demande un travail quand même relativement monstre. Je ne t'en parle pas sur le moment, je crois que j'ai encore des heures de sommeil à récupérer de cette semaine-là ! Mais voilà, en gros. Le Zestival est venu à moi plus que je suis venue à lui.
Et tu as pris la présidence du comité Zestival, c'est ça ?
Oui, j'ai choisi les tâches que personne ne veut (rires). Pour être sincère, comme je t'ai dit, on avait voulu faire les 30 ans et j'étais déjà à la présidence des 30 ans. Donc j'avais peut-être une petite revanche personnelle, un petit égo à faire parler à ce moment-là aussi. Mais pas seulement. Le but, c'était vraiment de pouvoir fêter ces 35 ans. Pour moi, Zelig, c'est une grande famille. C'est quelque chose où j'ai eu beaucoup de connexions avec des anciens avant moi, des années 2000, même avant. Là, avec Zestival, on a eu l'occasion de rencontrer un des fondateurs, Dominique, qui a créé le Zelig à l'époque, en 1989. C'est tout ça aussi qui a fait que j'ai une attache assez profonde avec tout ce que j'ai vécu à l'époque et ce qu'il y a encore maintenant. On crée des valeurs, qui varient un peu d’une génération à l’autre, c’est normal, mais qui restent les mêmes. Donc voilà, c'est un peu tout ça qui a fait que la motivation était au summum pour créer cet événement.
Est-ce que tu peux nous raconter comment s’est déroulé le Zestival, nous donner les éléments phares ?
Il y avait six jours de programmation. C'était du lundi au samedi.
Du lundi au mercredi, on était plutôt axés sur de la programmation culturelle. Le lundi, il y a eu une soirée film. Le mardi, il y a eu une dégustation de bières où il y a différentes brasseries plutôt petites et locales, qui ont pu venir faire déguster leurs breuvages. Le mercredi, on était axé sur une soirée plutôt karaoké, blind test. Du jeudi au samedi, c'était trois jours de concert avec deux scènes principales. La scène Caméléon, vers la Grange, et puis la scène habituelle de Zelig. Le vendredi et samedi, on a eu l'occasion de faire une collaboration avec la Grange. Là, on a eu des spectacles burlesques qui ont eu lieu. On a eu la chance d'avoir quelqu'un dans le comité qui connaît très très bien ce milieu. On a pu faire appel à des personnes connues de manière internationale dans le burlesque. Et aussi une école, où les personnes amatrices, on dira, ont pu faire leur show et puis nous en faire profiter. C'est quelque chose de relativement incroyable. Surtout que le spectacle burlesque, c'est quelque chose en général qui sort du lot, qui demande un certain montant.
On est assez heureux d'avoir pu faire cet événement gratuitement. Le but, c'était quand même de faire un événement gratuit, ouvert à tous, accessible à tous. Donc, évidemment, il y avait du chapeau un peu à droite à gauche, des prix libres, mais c'était ça qui nous tenait à cœur aussi.
Jeudi, il y avait des concerts sur la scène Caméléon. On était plutôt sur un truc Reggae Dub. À Zelig, c'était relativement varié. Le vendredi, on a eu la chance d'avoir Nathalie Fröhlich qui était présente sur la scène Caméléon, une artiste assez connue localement à Lausanne. Et le samedi, on était de nouveau sur quelque chose d'assez varié. On a eu la chance d'avoir Hermanos Perdidos, qui est un groupe assez reconnu aussi. Et voilà, à côté de ça, on a eu aussi des lectures de contes pour enfants, des ateliers scientifiques avec l’Eprouvette, Alexandre Cellier qui est venu faire son show, un comédien, artiste assez connu aussi.
Je crois qu'on a fait une programmation très, très riche. On a fait peut-être trop de choses, mais je crois qu'on est assez satisfaits et satisfaites dans le comité d'avoir réussi à mettre ça en place.
Qu'est-ce que vous avez eu comme retour du public ?
Que c'était fou, que c'était super. Ce n'est pas une première qu'il y a les anniversaires de Zelig qui se fêtent. Si je ne me trompe pas, il y a eu les 10 ou les 15, les 20 et les 25 qui ont été faits. C'est toujours en quinquennat que ça s'est fait. Mais il n'y a jamais eu une structure aussi grande qui a été mise en place, autant de collaborations qui ont été faites jusque-là.
Donc ça, c'est une première. À voir si ça se réitère à l'avenir pour les 40 ans ou 45 ou 50. Ce serait super. Et puis, je serais honorée de pouvoir y aller en tant que festivalière cette fois. J'espère qu'ils vont le faire les prochaines générations.
Oui, ce sera un peu moins fatigant, je pense !
Sara : Ouais, voilà (rires).
Comment s'est passée la collaboration avec l’Unil? Ils vous ont soutenus ? Ils vous ont laissé faire tout et n'importe quoi ?
Ouf, non, il y a eu énormément de rendez-vous. Ils sont très carrés, l'Unil. Évidemment qu'on a eu des rendez-vous avec l'Unil dès décembre 2023, avec le vice-recteur Benoît Frund et Unisep, qui ont demandé à avoir un dossier des 35 ans. On a discuté du projet.
Il y a eu une première validation. On a eu un premier soutien de l'Unil, donc une lettre qui a été faite par la direction de l'Unil pour dire qu'ils soutenaient le projet, ce qui nous a permis de faire des demandes de subventions aussi de notre côté. Puis après, il y a eu six ou sept rendez-vous qui ont été mis en place le reste de l'année pour permettre l'organisation de cet événement. Il y a beaucoup de choses qui ont été pensées. D'ailleurs, il y a un pocama [autorisation cantonale de manifestation, ndlr] qui a été fait aussi auprès de la police du commerce pour la commune d’Ecublens et la commune de Chavannes. Il y a beaucoup d'administratif qui a été fait avant de valider cet événement. D'ailleurs, la validation officielle, on l'a eue une semaine avant l'événement seulement. Je dois dire quand même que l'Uni a été très bienveillante. Tout ce qui est besoins, câblage électrique et autres, tout ça a été mis à disposition de l'université. C'est quand même des frais relativement conséquents qui peuvent être demandés à mettre en place pour une manifestation.
On a eu clairement un soutien fort de l'Uni. Et puis évidemment que si tu fais un événement sur le campus, ils mettent leur grain de sel, ça c'est normal. Mais ils nous ont donné la liberté de faire des choses tout en respectant les principes de l'Uni, la sécurité et toutes ces choses-là, ce qui est tout à fait normal.
Est-ce que tu aurais une anecdote sur le Zestival ? Le pire moment, le meilleur moment ?
J'ai couru dans tous les sens pendant ces jours, donc c'est dur de trouver un moment phare !
Je dirais le vendredi soir, on était en train de ranger Zelig, donc il était passé 4h du matin. On était tous très fatigués en se disant que la semaine n'était pas finie, qu'il nous restait encore le samedi à assumer les démontages. Mais là, j'ai eu un petit moment d'émotion, on était avec pas mal de personnes qui étaient là à mon époque, à ma génération, à Zelig.
Il y a eu un petit craquage émotionnel qui a fait que c'était quand même chou de voir tout ce soutien et toutes ces personnes présentes pour cet événement. Je dirais que c'est un peu ça. Et sinon, un autre moment phare, les démontages le lundi alors que tout le monde travaillait et qu'on était plus que deux personnes. C'est un moment un peu de galère où on savait qu'il fallait juste continuer et aller au bout de ce qu'on avait fait. Je n'ai pas d'anecdote plus folle à raconter. Je crois que le festival en lui-même était déjà assez fou sans qu'on ait besoin de rajouter des choses par-dessus.
Est-ce que tu aurais un conseil pour des gens qui veulent se lancer dans l'organisation d'un tel événement ? Parce que ça fait rêver quand même.
Je pense que tant que tu y mets l'énergie, tu peux y arriver. Entoure-toi de personnes motivées et ne lâche pas le morceau. Je pense que c'est bien de l'ouvrir, peu importe avec qui on est en face de nous. Tout peut s'organiser tant que tu as la volonté !
Pour terminer, est-ce que tu voudrais rajouter quelque chose de manière générale qui n'a pas été couverte jusqu'à maintenant ?
Venez à Zelig ! Les membres de Zelig cherchent toujours des membres. Si tu es intéressé par l'événementiel et que tu veux faire partie de cette grande famille, viens à Zelig. Viens déjà en boire une si tu ne connais pas. Viens découvrir ce lieu assez magique, avec beaucoup d'ouverture d'esprit.